Voir, lire & entendre

Découvrez le site cinecameras.fr, de Jean-François Pioud-Bert
Publié le 23/01/2024

Jean-François Pioud-Bert, promo Ciné 1973, a développé une petite merveille de site autour de l'histoire des caméras: cinecameras.fr

"Qu’est-ce qu’une caméra ?

Est-ce que les Frères Lumière, en 1895, auraient pu imaginer le développement, l’expansion, voire la banalisation de leur invention ?

Car aujourd’hui, les caméras sont partout et tout un chacun a le loisir de « filmer », même avec des appareils hybrides… (smartphone, tablette, etc.). Tout se filme et s’enregistre !

Bref, si l’objet s’est banalisé, la caméra reste une curieuse machine : celle qui permet de faire du cinéma, sous toutes ses formes. Filmer la vie, témoigner de ce qui nous entoure, raconter des histoires… La caméra est bien un œil singulier, même si on a pu parler un moment de stylo…

A l’heure du tout numérique, il est peut-être nécessaire de revenir sur les caméras argentiques, celles qui travaillent avec de la pellicule. Premières caméras mécaniques actionnées par une manivelle, puis mues par l’électricité. Caméras en bois, caméras métalliques, caméras en plastique ; caméras bruyantes, caméras silencieuses… Caméras singulières… Caméras pour professionnels et amateurs…

Cinecameras.fr se propose de dresser un bref inventaire de ces merveilleuses machines qui nous ont fait rêver, qui ont porté le rêve." [texte extrait du site]

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Pour tout contact ou information, vous pouvez écrire à Jean-François sur l'adresse cinecameras@cinecameras.fr ou via le formulaire contact de son site


Photo d'illustration : L’actrice Allene Ray avec sa caméra Pathé Baby au côté d’un opérateur anonyme et sa caméra Bell Howell 2709 filment la même scène. Photographe inconnu.


Fabrice Dehoche (Photo 94) publie un ouvrage de référence sur la biodynamie
Publié le 03/01/2023

Fabrice Dehoche est photographe, ancien élève de la promo Photo 1994. Comme beaucoup d'anciens, il a eu un parcours varié : gérant d'un laboratoire photo, directeur d'une agence bancaire, et prochainement vigneron !

Passionné déraisonné de vins et spécialiste de la biodynamie, il vient de publier un ouvrage intitulé "BIODYNAMIE et CHAMPAGNES" (éditions Liralest), fruit de ses rencontres avec 37 vignerons biodynamistes champenois.

Il y raconte la fabuleuse histoire de ces femmes et de ces hommes qui consacrent tout leur savoir-faire à la réalisation des meilleurs champagnes, plébiscités par les restaurants étoilés du monde entier.

En plus d'être un beau livre richement illustré de portraits réalisés "les yeux dans les yeux", l'ouvrage s'impose comme un nouveau guide de référence des meilleurs champagnes, ainsi qu'une vulgarisation de la viticulture biodynamique.


Commander le livre sur le site ATHENAEUM


"Mais vous êtes fous" au Ciné-Club Louis-Lumière
Publié le 08/12/2022

Le ciné-club des étudiantes et étudiants de l'ENS Louis-Lumière organise une nouvelle séance au cinéma Le Grand Action, 5 rue des Ecoles, Paris 5e.

le mardi 13 décembre à 19h30

 

Le ciné-club proposera le film Mais vous êtes fous, réalisé par Audrey Diwan, en compagnie du chef-opérateur Nicolas Gaurin qui échangera après la séance. 

Résumé. C’est l’histoire d’un jeune homme, Felix, qui un soir d’été sur les quais de la Seine rencontre une jeune femme : Alma. Lui est originaire de banlieue parisienne, elle vient plutôt des beaux quartiers de Paris. C’est une rencontre d’un soir d’été, seulement Felix se met en tête que c’est plus que ça. Alma part en vacances le lendemain, il décide de lui faire la surprise de la rejoindre dans le sud de la France, en embarquant son meilleur copain.

 

Casting : Céline Sallette, Pio Marmaï

Scénario : Marcia Romano, Audrey Diwan

Infos pratiques sur le site du Grand Action

 

 

Retrouvez plus d'informations sur Nicolas Gaurin (Fémis 1999) sur le site de l'AFC.

Facebook du cinéclub


Ciné-Club de l’AFCS : "La Môme", d’Olivier Dahan
Publié le 08/12/2022

Le Ciné-club des Cadreuses et Cadreurs Steadicam (AFCS), qui met en valeur un travail effectué de façon remarquable, projettera, lors de sa séance de fin d’année 2022, le 17 décembre, le film La Môme et accueillera son réalisateur, Olivier Dahan, et son cadreur et opérateur Steadicam, Roberto De Angelis. Une possibilité offerte de revoir les images de Tetsuo Nagata, AFC, son directeur de la photographie.

Quand ? Samedi 17 décembre à 18h30

Où ? Cinéma Grand Action, 5 rue des Ecoles, Paris 5e

Un échange à l’issue de la séance aura lieu entre Olivier Dahan, Roberto De Angelis et le public.

De son enfance à la gloire, de ses victoires à ses blessures, de Belleville à New York, l’exceptionnel parcours d’Edith Piaf. A travers un destin plus incroyable qu’un roman, découvrez l’âme d’une artiste et le cœur d’une femme. Intime, intense, fragile et indestructible, dévouée à son art jusqu’au sacrifice, voici la plus immortelle des chanteuses...
Avec Marion Cotillard, Jean-Pierre Martins, Gérard Depardieu.

 

D'autres infos sur le site du Grand Action

 

Bande-annonce officielle

 


Conférence AFC sur le HDR comme outil de mise en scène
Publié le 07/12/2022

Une conférence passionnante sur le workflow HDR du film Athena a eu lieu au Pathé Beaugrenelle, le 17 octobre 2022, organisée par l’AFC et Netflix, avec la participation d’Arri et Dolby.

Case Study autour d’Athena de Romain Gravras et l’utilisation du HDR comme outil au service de la narration, et préservation de l’image lors de la diffusion sur le service.

 

VOIR LA CONFERENCE SUR YOUTUBE

 

Invités

DOP: Matias Boucard

Colorist: Mathieu Caplane

DI Color: Jérôme Brechet

Modératrice: Karine Feuillard (Consultante en workflows, Netflix)

 

Bande-annonce du film Athena

Recommandations de Netflix pour l'utilisation du HDR On-Set Monitoring


Romy Schneider, exposition et rétrospective à la Cinémathèque
Publié le 11/04/2022

Romy Schneider, exposition à la Cinémathèque

Mue par l'ardente volonté de surprendre, de travailler avec les plus grands et d'aller chaque fois là où nul ne l'attendait, Romy Schneider, actrice d'exception, a écrit une histoire du cinéma de son époque en collaborant avec des cinéastes du monde entier, français, américains, italiens, allemands ou autrichiens.

Si vous résidez à Paris ou si vous y séjournez d'ici le 31 juillet prochain, ne manquez pas l'émouvante exposition et rétrospective que lui consacre la Cinémathèque française.

Accéder à la page de l'exposition sur le site de la Cinémathèque [cliquer]

Adresse : 51 rue de Bercy, Paris 12e / accès en métro : ligne 6 ou 14 (arrêt Bercy)

 

Photo d'illustration : les couloirs de la Cinémathèque (FredC./mars 2022)

 

Romy Schneider - Bande-annonce from La Cinémathèque française on Vimeo


Conférence sur la commande photographique par Les Filles de la Photo
Publié le 05/04/2022

La conférence-débat des Filles de la Photo à l'ENS Louis-Lumière dont l'objet portait sur la "commande photographique" est désormais accessible en replay video (cf. ci-dessous)

Fondée en 2017 par trois passionnées de photographie, l'association Les Filles de la Photo compte près de 200 adhérentes représentant 25 métiers dans les champs artistiques de la commande et de la recherche.

A l'occasion de cette conférence, chaque étudiant.e en 3e année du master Photographie (promo 2022) a pu bénéficier d'un rendez-vous avec une experte (agent de photographes, acheteuse d'art, directrice artistique...) sur le thème de la commande.

 

En savoir plus sur LES FILLE DE LA PHOTO

 

Vidéo de la conférence disponible ci-dessous, ou cliquer ici pour lire dans une fenêtre séparée.

 


A propos de "Michel Ange", d’Andreï Kontchalovski.
Publié le 14/03/2021

La ligne de crête d’un artiste : ni dissident, ni partisan, ni courtisan

Intro. Entre deux confinements, une énorme surprise m’attendait. Une claque en langage actuel. Enfin un film ayant l’envergure de l’écran sur lequel il était projeté, celui d’une vaste salle où les spectateurs sont presque des lilliputiens et surtout pas des Gulliver face à leur écran d’ordinateur ou pis encore de smartphone. 

Ne nous emballons pas, ce film « Il Pecato » le péché, distribué avec le titre Michel Ange, est l’œuvre d’Andrei Kontchalovski un réalisateur jeun’s de 83 ans. Il a peu de chance de devenir un film culte pour la génération actuelle.

Ce film est dépourvu des éléments tendance effets spéciaux. Il n’oppose pas des super-héros aux pouvoirs prêtés au Tout Puissant. Il est à mille lieux de décrire des univers de fantaisie à la Harry Potter ou des sagas graaliques tel le Seigneur des Anneaux. 

Non, mille fois NON !

Le film suit un chemin de crête, celui que doit emprunter tout créateur pour exister, pour continuer à créer au milieu des embuches ourdies par d’autres, comme par les saillis de ses propres doutes. La condition humaine de l’artiste explose à l’écran dans ses aspects les plus élévateurs : l’œuvre elle-même, comme dans les vicissitudes abyssales de l’âme dut dit créateur. 

Mais l’artiste n’est pas isolé dans la tour d’ivoire de ses créations. Au contraire il baigne dans la réalité de son époque, à tous les étages sociaux de celle-ci, dans la magnificence des palais comme dans les crasses et odeurs des rues et estaminets.

Et c’est là où le grand réalisateur Andrei Kontchalovski excelle et fait de « Il Pecato » une œuvre qui est déjà entrée dans mon Panthéon.

 

Le fond. Il s’agit de retracer La Renaissance et les luttes rivales entre deux clans voulant s’approprier le sculpteur à leur profit et assoir leur pouvoir sur la papauté. Mais au-delà des rebondissements de l’intrigue, c’est une fois encore, l’inclinaison du réalisateur à inscrire ses scénarios dans le terreau du quotidien – sauf dans certains films aux USA, et cela depuis sa première œuvre : le Premier Maitre (1965) qui le fit reconnaitre. Mais si ce premier film développait une approche documentaire sur les années 60 en URSS, ici il s’agit pour notre plaisir d’une œuvre d’imagination, plus que celle témoignant du constat du réel. 

Andrei Kontchalovski et ses collaborateurs ont dû imaginer la quotidienneté d’existence des hommes et des femmes d’alors. Certes des documents existent qui aident à imaginer, mais sous les ombres et lumière des projecteurs des studios, leur donner vie à chaque plan est une gageure que peu de réalisateurs accomplissent. 

Dans la salle avec d’autres spectateurs, je suis transporté en Italie, passant de Florence à Rome, du Vatican jusqu’au port de Carrare. Chaque scène, chaque plan est habité des gestes des travailleurs, des activités des passants et passantes. Ainsi se diffuse en moi cette grouillance de la réalité jusqu’à en ressentir la grandeur ou les émanations putrides. 

Les plans sont rarement coupés au cordeau des dialogues ou de l’action principale ; il reste toujours un peu de temps pour faire de la place à l’existence de personnage se rendant quelque part tandis que d’autres s’agitent sans que nous en connaissions les raisons, mais qui en filigrane brodent la multiplicité, à un moment T, des actions concomitantes des humains. 

Alors le spectateur devient un quidam caméléon du peuple de la Renaissance, un parmi les autres, jusqu’à être un des ouvriers-tailleurs de bloc de marbre, dans cette scène emblématique du film, celle où Michel Ange fait descendre « il monstro », son gigantesque parallélépipède de marbre des collines jusqu’au port !

 

La forme. Avec cette séquence, le film prend une fulgurance qu’il ne relâchera plus. Une tension extrême nait du champ magnétique entre les plans : l’ample et serein paysage ensoleillé de la colline et la pesanteur du bloc de marbre dont l’avancée pas à pas menace d’écraser les ouvriers, des lilliputiens que le Gulliver de marbre risque de réduire à néant à tout instant ! 

Ce montage d’anthologie vaut une métaphore sur la valeur du travail collectif, mais il ne serait pas vain d’y voir également celle de l’inconscient de Michel Ange, dont le portrait tout au long du film déroule l’individualisme, l’orgueil, le cynisme, la bonté, la cupidité et le génie ! 

 

Le lien perpétuel entre le fond et la forme. Andreï Kontchalovski souhaitait que chaque scène dégage une véritable authenticité. "Je ne veux pas voir de jolis portraits dans le cadre. « Je veux voir des gens avec des vêtements sales, couverts de sueur, de vomi et de salive. L’odeur doit traverser l’écran et atteindre les spectateurs" (Notes de production, Il Peccato, 2019). 

Dans d’autres entretiens, il précise son travail actuel : « Pendant ma quarantième année de cinéma, j’ai senti que j’avais tout compris du cinéma. A ce moment-là, j’ai cherché à comprendre ce que signifiait l’image au cinéma, j’ai donc relu "Notes sur le cinématographe" de Robert Bresson, qui est une bible pour un cinéaste. »  

« Le plus important, c’est de ne pas se tromper dans ce que tu ne montres pas. »

Ce crédo de Robert Bresson, il l’a fait sien. Mais s’il a pu aussi bien l’appliquer, c’est que l’être Kontchalovski est par ses ascendants et par son propre parcours, un artiste qui peut se reconnaitre lui-même dans l’être Michel Ange. Est-ce donc à une véritable introspection par personnage interposé que nous assistons ? Un autoportrait du réalisateur lui-même ?

Ce réalisateur prolonge depuis 1960 la grande cinématographie russe des années 20. Une cinématographie qui pousse toujours à la réflexion du spectateur, une cinématographie exigeante qui parle encore et toujours de la condition humaine aussi bien dans un style documentaire que dans une réflexion philosophique.

 

Ni dissident, ni partisan, ni courtisan. Tel est le titre du livre d’entretien mené par Michel Ciment et publié aux éditions Actes Sud, livre sortit à l’occasion de la Rétrospective consacrée par la Cinémathèque en septembre dernier.

A Michel Ciment de remettre en perspective l’homme Andreï Kontchalovski :

« Avant d'entreprendre des études de cinéma, il est dans sa prime jeunesse un pianiste émérite au Conservatoire de Moscou. Plus tard, il attache toujours une profonde importance à la musique dans ses films, aux liens qu'elle entretient avec l'art cinématographique. Son arrière-grand-père maternel, Vassili Sourikov, est l'un des peintres russes les plus célèbres du XIXe siècle, et son grand-père, Piotr Kontchalovski, l'un des artistes majeurs du postimpressionnisme. Ces antécédents artistiques font de lui un cinéaste soucieux du cadre et de la lumière. Par ailleurs, dès ses débuts, il ne sépare jamais l'écriture de la mise en scène. Il est d'abord scénariste pour Andreï Tarkovski, co-écrit avec lui le scénario du court métrage Le Rouleau compresseuret Le Violon, puis celui d'Andreï Roublev. »

Kontchalovski est un cinéaste complet. Il ne veut pas séparer la forme du fond. Son Michel Angeest un film aux images vibrantes de sens et à la forme esthétique aboutie, avec un art de la mise en lumière et du juste choix du point de vue du cadre pour nous émouvoir et nous faire réfléchir.  

Une image aura du mal à disparaitre de ma mémoire. Le plan de la chambre au lendemain de la nuit de noces d’un jeune couple dont Michelangelo a pris à sa charge les bombances des festivités. Mais je n’en "divulgâcherais" pas le contenu, pour vous en laisser le plaisir dès la réouverture des salles.

 

Dominique Bloch (Ciné 1967)


Le Festival Premiers Plans d'Angers se réinvente en ligne !
Publié le 14/01/2021

Pour cette 33ème édition, le Festival Premiers Plans d'Angers se réinvente dans un contexte sanitaire qui ne lui permet pas, à ce jour, de se dérouler en salles.

Le Festival s'associe à LaCinetek pour proposer une édition en ligne, avec 12 films issus de sa programmation :

Hommage à Chantal Akerman : Saute ma ville ; Je, tu, il, elle ; Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles ; D’Est ; La Captive ; en versions restaurées par CINEMATEK, la Cinémathèque royale de Belgique

Hommage à Federico Fellini Le Cheik blanc, Huit et demi, Juliette des Esprits,

Cycle "Évasion" : Le Trou de Jacques Becker, La Grande illusion de Jean Renoir, New York 1997 de John Carpenter, Ariel d'Aki Kaurismäki

Ces 12 films seront à voir en ligne et en illimité du 25 janvier au 24 février inclus au tarif de 7€.

Vous pouvez dès à présent pré-acheter votre Pass Festival Premiers Plans d'Angers sur le site de LaCinetek. Un mail vous sera automatiquement envoyé le 25 janvier lors du lancement de l'événement.

Accéder à la programmation

 


Agnès Varda : Inspiration – Création – Partage
Publié le 19/05/2019

Agnès Varda  sur l'affiche Cannes  2019

 

Et voilà que disparait Agnès Varda dans la nuit du 28 au 29 mars. Ça me touche ! Je ne suis pas le seul. Je suis un baby-boomer qui a grandi avec ses œuvres - adolescent, adulte et sénior - comme avec celles de Jacques Demy. Dans ces cinéastes aux univers si différents et couple à la ville, j’ai toujours trouvé des réponses en miroir à mes propres interrogations sociétales du moment comme, à mes désirs de beau, à mes besoins d’imaginaire chantée et enchantant qui eux sont au long cours.

Si j’avais vu Les plages d’Agnès, je n’avais pas encore vu Varda par Agnès. Absent de France à sa sortie j’avais manqué Jacquot de Nantes, trois films documentant le cinéma par les moyens du cinéma. Je n’avais  pas vu encore Villages - Visages conçus, réalisé et commentés par JR et AV, sur une proposition de sa fille Rosalie Varda.

Comme les trois autres, cette dernière œuvre nous permet d’approcher, dans une sorte de praxis documentaire, la double exigence « moteur » de la création artistique : la première est une quête personnelle strictement personnelle motivant passionnément le créateur-chercheur, la deuxième renvoie au besoin tout aussi profond du partage émotionnel avant tout, raisonné souvent en arrière-plan, avec les spectateurs de tout œuvre.

Inspiration – Création - Partage

Dans ces quatre films de transmission sur le désir de cinéma, Agnès Varda a su leurs donner l’intense densité cinématographique, la seule qu’en tant que réalisatrice elle souhaitait léguer. A les avoir reçu, j’ai pu réactiver les principales étapes de ma propre vie vers le cinéma et dans le propre exercice de mon métier en tant que professionnel et comme formateur.

 

   

      

 

Imaginaire et Réel, même représentation finale sur l’écran

 

Agnès Varda dès la pointe courte propose le docu-fiction ou la fiction documentarisée et ne va cesser de mettre en œuvre ce mélange. Pour elle, cela permet de construire, c’est dire de créer proprement le film une fois que  l’inspiration, c’est à dire l’impérieux et exigeant désir de filmer un thème se soit imposé au cinéaste.

Dans Varda par Agnès, elle insiste sur une pulsion  très courte entre l’inspiration et le moment de créer, en moins de 24h. Elle est à San Francisco à la recherche d’un Oncle éloigné qu’elle n’a jamais rencontré, un oncle d’Amérique. Elle se donne les moyens d’obtenir rendez-vous avec le risque qu’il ne soit pas l’oncle recherché – là est l’inspiration. Coté création : la forme ? Quel dispositif formel peut-on imaginer en si peu de temps de réflexion pour garder trace de l’émotion négative ou positive de la rencontre ? On est en 1967 et le résultat à l’écran d’Uncle Yanco est jubilatoire : Oui elle est bien la fille d’Eugène Varda et la joie par la forme cinématographique explose, chapeau !

La Cinécriture pour Agnès

En effet miroir je la rejoins lorsqu’elle crée le mot ciné-écriture comme équivalent au mot style en littérature, ce que pour ma part j’appelle la relation fond/forme

A propos de la structure du film Sans toi ni loi, laissons Varda décrire sa créativité : « Il y a 13 travelling. Chaque travelling roule de droite à gauche ce qui est un peu contrariant car ce n’est pas le sens de lecture, en tout cas en occident. Nous sommes dans des paysages de campagne agricole pas particulièrement plaisants mais à la fin de chaque travelling nous quittons Mona pour filmer un évènement ou un objet local. Au cours du film environ 10mn plus tard, le travelling suivant commence avec un objet ou un élément équivalent. Ça me plaisait d’installer une petite intrigue dont j’avais le secret » dit-elle de façon gourmande et malicieuse à l’écran, «le film entier est un portrait en forme de travelling discontinu. » On peut se permettre de rajouter que le portrait doit sa réussite à la complémentarité entre le choix volontaire de cette forme et la présence de la si convaincante Sandrine Bonnaire dans ses foucades rebelles.

     

 

                                          

 

Parlant et montrant la scène extraite du Bonheur où Jean-Claude Drouot découvre noyée le personnage de sa femme dans le film (et sa femme dans leur propre vie, eux qui avaient accepté le challenge de la réalisatrice), Varda commente « C’est un drame. Il ne peut pas supporter ce moment. En fait il n’arrive pas à le vivre. Alors au montage j’ai utilisé, essayé et réutilisé la répétition » de Jean-Claude soulevant la tête de  la noyée. Et le bonheur précédait d’une bonne quinzaine d’année Sans toi ni loi.

                                                    

 

Jacques Demy écrivait en détail son enfance, il se refusait d’en faire un scénario et encore plus de le tourner au vue de ses forces, mais  il en confia le défi à sa compagne créatrice plus ici qu’à son épouse. Avant qu’il ne disparaisse pour l’aider, par amour elle le filma non pas comme une voyeuse, mais dans la forme qui convenait à l’intimité, à leur intimité, à l’aide qu’elle souhaitait lui apporter « l’aider au plus près et en terme de cinéma cela donne des plans extrêmement rapprochés ».

 

             

 

Ces plans rendent émotionnellement présent Demy dans Jacquot de Nantes, cela peut s’écrire avec des mots mais de façon plus ou moins vaine; cela s’expérience à l’écran instantanément pour nous spectateurs.

 

                                  

 

Agnès et JR

 

                

 

Désormais, bouclant la boucle, et avec un consentement complice dans Visages-Villages, JR filme au même niveau d’intimité, les mains, les pieds, l’œil et le regard d’Agnès. Bien évidemment il en fait un acte créateur à la JR, un acte qui touche les protagonistes de certains plans du film telle une balle - tirée à bout d’écran- émotionnellement esthétique, les atteignant aux yeux et au cœur comme elle nous impacte et nous touche à l’identique nous les spectateurs de la salle : un partage mais pour les créateurs un besoin de re-connaissance.

 

 

Sans risquer d’être contredit, on constate qu’Agnès Varda, Photographe-Réalisatrice - Plasticienne,  aura mis autour du mot reconnaissance, une énergie constante pour écrire elle-même, avec des images et des sons, sa propre auto- créato - filmographie. ici aussi, elle est pionnière.

Dominique Bloch

Jacques Demy et Agnès Varda sont des Anciens de notre école, fallait-il le rappeler ?