Paroles d'anciens

Rencontre avec Erwan Kerzanet, chef-opérateur du son
Publié le 01/04/2022

Le 25 février dernier, Erwan Kerzanet et les différents membres de l’équipe son [1] recevaient le César 2022 du meilleur Son pour Annette, film de Leos Carax également césarisé pour sa réalisation et déjà récompensé du Prix de la Mise en Scène au dernier festival de Cannes. Ce prix constituait un moment idéal pour interviewer Erwan - ancien de Louis-Lumière (promo Son 1997) - et aborder différents sujets comme son parcours professionnel, les rencontres importantes l'ayant jalonné, sa collaboration avec Leos Carax ou encore sa vision du métier aujourd’hui.

                               

Comment est né ton intérêt pour le son et à quoi l’attribues-tu ?

Ce qui m’intéressait au départ, avant de m’occuper de son, c’était avant tout de participer à la fabrication de films, notamment pour le côté collectif. Mon père travaillait dans le théâtre, je connaissais par lui la vie de troupe et ma mère était scripte. Elle était remariée avec un cadreur qui avait lui-même fait Vaugirard [2] en 1954, Gilbert Duhalde, et qui travaillait entre autres avec Pierre Lhomme[3]. Toute cette famille était plutôt heureuse dans son rapport au travail. Mon intérêt pour le son est venu se greffer sur ce désir premier. Je faisais un peu de musique et ma mère m’a orienté vers le son.

 

Quels souvenirs gardes-tu de tes études à Louis-Lumière ?

J’attache pas mal d’importance au côté structuré du travail. Un peu comme en architecture, on peut construire si la structure portante est fiable. Je crois que cette approche a été en grande partie instillée par les cours de Jean-Paul Bourre. C’était un cours solide basé sur l'aspect « ingénierie », au sens où on apprenait à définir des synoptiques de travail, à associer telle machine avec telle autre, à faire des croquis de ce que l’on voulait faire et à comprendre avec un peu de distance pourquoi on faisait ces choix-là. En quelque sorte, on apprenait à ne pas confondre la fin et les moyens.

Sur un autre plan, les cours de Pascal Spitz[4] (musique), de Christian Hugonnet (acoustique) et de Christian Cannonville[5] (écoute et prise de son) m’ont profondément intéressé, de même que ceux sur la radio ou le live. Et quand certains cours étaient moins pointus, comme l’analyse filmique par exemple,  j’allais suivre les séances du « Jeudi soir » avec Jean Douchet à la fac de Jussieu où j’avais étudié avant Louis-Lumière.

Avec le recul, la scolarité à Louis-Lumière est particulièrement intéressante pour sa transversalité. C’est une chance pour quelqu’un qui veut faire du son de cinéma de suivre une formation qui investisse aussi bien la musique ou la radio… mais aussi la photo. Cela  permet à l’étudiant d’imaginer des passerelles entre différents espaces de travail, notamment l’image et le son. Parce qu’en réalité, lorsqu’on sort de l’école, on va apprendre vite ce qui nous servira concrètement à gagner notre vie : tenir une perche, poser des HF, etc. En revanche, ce que j’ai fait à l’école et qui ne relevait pas forcément de mon futur métier me sert énormément. Notamment le rapport à la musique et la photo. J’ai passé de nombreuses heures à enregistrer des groupes au studio. Et je crois avoir fait partie de la dernière promotion Son à pouvoir utiliser le labo photo noir&blanc. Je faisais beaucoup de tirages et j’avais presque plus de connexions et d’échanges à ce moment-là avec les étudiants en Photo qu’avec mes camarades de Son.

D’ailleurs, à ma sortie de Louis-Lumière, je ressentais encore un manque dans ma capacité à rencontrer l’image. J’ai choisi de prolonger mes études par un DEA (master2 aujourd’hui) en histoire de l’art sur la photo documentaire, avec un angle qui rendait beaucoup plus politique mon rapport à l’art et au cinéma. Je suivais les cours de Jean-François Chevrier aux Beaux-Arts sur « la dimension documentaire en art » et j’ai appris le tirage avec Patrick Faigenbaum. Aujourd’hui, mon geste de travail du son est nourri de ces différentes strates.

 

As-tu déjà été sollicité pour parrainer un ou une élève de Louis-Lumière ?

Oui, pendant une période je le faisais tous les ans. Et j’ai travaillé pendant sept ans avec François Boudet[6], qui avait dabord été mon filleul. Mais pour qu’un parrainage fonctionne, ça n’est pas qu’un truc de rencontre et de feeling. Cest aussi le résultat d’une somme de hasards pour qu’au moment où on te sollicite, tu aies une opportunité de faire travailler quelqu’un de ce niveau-là. Avec François, qui est sorti de l’école dix ans après moi, ce qui est marrant, c’est qu’il ne m’avait pas vraiment sollicité l’année où j’étais officiellement son parrain. L’année suivante, j’avais besoin d’un stagiaire en urgence pendant deux semaines, je lui ai proposé et on s’est hyper bien entendu. Peu de temps après, on m’a proposé un boulot sur un projet très intéressant mais avec peu d’argent, c’était l’occasion d’en faire profiter un jeune assistant ; cest comme ça qu’on a démarré une collaboration de plusieurs années qui nous a fait partager de sacrées expériences, dont Holy Motors de Leos Carax.

 

Peux-tu nous parler de certaines rencontres décisives pour ta carrière ?

La première c’était Jean Minondo[7], sur une série pour la télévision. Il m’a tout de suite fait travailler sur d’autres choses très chouettes. Grâce à lui, jai pu travailler avec André S. Labarthe et faire mes premiers pas comme ingénieur du son sur des documentaires. Une fois, il m’a même proposé de faire un film pour Arte à sa place. Mais comme je voulais faire de la perche avant de me retrouver ingénieur du son, il m’a dit « Trouve un ingénieur du son et fais-le comme perchman ». Et c’est exactement ce qu’il sest passé. C’était une marque de confiance incroyable parce que confier un travail à quelqu’un ou recommander une personne engage toujours une responsabilité personnelle, beaucoup ne le font pas.

La deuxième rencontre décisive a été avec François Musy sur Les Corps impatients, le premier film de Xavier Giannoli. Je devais juste le remplacer sur les deux premières semaines de tournage en attendant qu’il se libère d’un autre film. Je me suis proposé d’être son assistant pour le reste du film ce qui me permettait de le rencontrer et d’assurer une continuité. Ça a été une très belle rencontre. François faisait la prise de son, le montage son et le mixage des films. Alors c’était intéressant parce que je pouvais démarrer un film à sa place, ou le terminer… parfois il me laissait la prise de son et récupérait le film en post production. Pendant cinq ans, on a fonctionné comme ça et lorsque j’ai décidé d’arrêter la perche, j’avais déjà fait au moins dix films comme ingénieur du son grâce à lui. C’était une chance de trouver cette complicité.

Il y a eu d’autres rencontres marquantes, par exemple avec André Rigaut[8] et Jean Umansky[9]. Ils ont une façon incroyable de fouiller les possibilités du son direct et de trouver des idées plastiques pour le son. Je dois ensuite beaucoup à deux autres personnes : Caroline Champetier et Nicolas Becker.

 

Quand tu es sollicité pour un projet, qu’est-ce qui motive ton désir de t’y impliquer ?

Aujourd’hui, je m’intéresse d’abord au cinéaste, à ce qu’il veut faire et bien sûr à l’idée de fond qui est dans le scénario, à ce que le film raconte et donc ce que le cinéaste cherchera à mettre en forme. Même si j’ai évolué avec les années, je m’aperçois que j’ai toujours attaché une vraie importance à la question « pourquoi a-t-on besoin de faire ce film ? »

Récemment, et tout particulièrement dans les moments de travail avec Nicolas Becker, cela s’est développé encore davantage. Ce qui m’intéresse le plus, c’est de se dire que l’on va chercher à développer la personnalité d’un film. C’est là où il ne faut pas confondre la fin et les moyens : les standards de fabrication et les procédés des productions amènent le plus souvent les films vers des résultats moyens. Les chemins de traverse peuvent en revanche amener une très grande personnalité à un film. Il faut alors non seulement la confiance du réalisateur ou de la réalisatrice, mais aussi celle de la production. C’est exactement ce qui s’est passé sur Annette et aussi sur L’Envol, le nouveau film de Pietro Marcello, que je suis en train de faire avec la même production (Charles Gillibert).

 

Quelle était la principale motivation de Leos Carax pour réaliser une comédie musicale et comment as-tu pris en charge cette envie ?

Je crois que Leos a toujours eu le désir de faire un film chanté et Annette a été une occasion de le faire. Pour moi, ce film a démarré de façon très informelle quand Leos est passé à la fête de mes 40 ans. J’avais installé une platine et dit à mes invités d’amener un vinyle pour en faire écouter une face à tout le monde. Leos était venu avec l’album Propaganda des Sparks. C’était son disque perso mais il me l’a laissé en me disant « gardez-le, vous me le rendrez à l’occasion ». Deux ans plus tard, je vais chez lui pour parler d’un projet de film chanté, écrit par les Sparks - qu’il avait rencontrés lors d’un passage à Paris puis à Cannes - et dans lequel il y avait deux reprises de Propaganda. Ensemble, on avait déjà tourné deux scènes musicales avec un procédé d’interprétation « live ». C’était pour Holy Motors, et l’expérience avait été forte. Leos a naturellement imaginé que ce principe pourrait être celui d’Annette à l’échelle de toutes les scènes du film ; et c’est ce que nous avons fait.

 

Pochette de Propaganda, dédicacée par Ron et Russell Mael

 

 

La comédie musicale est, dans sa forme classique, un procédé complètement onirique et déconnecté du réel. Donc le faire en son direct, c’était un geste très fort. Pour moi, cest le signe qu’il y a chez Leos une connexion permanente entre le rêve et le réel, et que le cinéma est pour lui un passeur entre ces deux univers. Et puis il y a ce plaisir dans un artisanat qui fait revenir le cinéma de Méliès sur le devant de la scène, alors qu’en France c’est plutôt le cinéma des frères Lumière qui s’est imposé. Cest une chance inouïe de travailler avec quelqu’un qui réunit Lumière et Méliès : le son direct et l’image truquée.

Dès le début de notre travail de préparation, la dimension « live » s’est affirmée comme un principe de base. Je suis parti de lexpérience de Holy Motors et j’ai adapté le procédé à l’échelle dun film entier. À partir de là, je n’avais plus qu’à prendre un papier et un stylo pour faire des croquis, réfléchir aux machines qu’il fallait, à la bonne configuration, les entrées et les sorties. Bref, établir le bon synoptique de travail, comme nous l’avait appris Jean-Paul Bourre à l’école !

 

 

Schéma de préparation: roulante son et roulante playback connectées

[cliquer sur la photo pour agrandir]

 

 

Y a-t-il eu un film ou une œuvre référence pendant l’élaboration dAnnette ?

Le travail avec Leos ne passe pas vraiment par des discussions d’ordre esthétique ou par des références culturelles. En fait, il a développé avec Caroline Champetier une façon de travailler avec ses collaborateurs proches : il met à jour en permanence une version du script qu’il annote au fil des journées de préparation. Il y colle tous les éléments utiles pour notre propre travail. Cela finit avec un document de 300 pages qui contient absolument tout : des références visuelles, des plans, des dessins qu’il a faits, des documents qui viennent des costumes, des essais maquillage, des repérages techniques, etc. Il y a plein d’images qui viennent de sources extrêmement différentes : ça peut être une vidéo YouTube mélangée avec un photogramme d’un film en noir et blanc ou un code couleur associé à des typos particulières. Petit à petit, ça devient une manière très personnelle d’exprimer le travail à accomplir, le film en devenir. Le scénario devient alors un mélange de technique et de matière sensible. Leos construit un espace qui correspond à la vision qu’il a (un rêve ?) et lui donne une forme tangible. La préparation de ces scènes, c’est notre implication pour trouver le chemin d’incarnation de ces images rêvées en réalité de cinéma.

 

Quelle part représente la phase de préparation du tournage dans ton travail ?

C’est une question cruciale aujourd’hui et qui peut prendre une couleur politique. Faire le son d’un film, ça n’est pas débarquer à la dernière minute en mettant des HF à tout le monde et en pensant ainsi régler tous les problèmes. Or, la tendance actuelle est de faire intervenir le son le plus tard possible dans la phase de préparation. Pour deux raisons : d’abord par crainte de dépenser de l’argent, mais aussi par ignorance. Il y a un présupposé que si la production n’a rien à dire à l’équipe son, c’est que l’équipe son n’a rien à dire au film. C’est complètement faux. L’idéal, c’est que l’équipe son soit complète dès la prépa et que nos considérations soient entendues par les autres membres fabriquant le film. Ainsi, le film peut trouver une forme au son naturellement intégrée dans sa dimension sensible.

La phase de préparation est chronophage – et généralement mal payée – mais il n’y a qu’en s’impliquant dans ce moment de gestation que le son peut devenir organiquement partie du film. Et c’est là que toute l’équipe peut s’habituer à intégrer l’avis du son. C’est très important et ça peut aussi simplifier beaucoup de choses en post production.

Annette n’aurait jamais fonctionné si je n’avais pas été en prépa avec les autres six mois avant le tournage, ne serait-ce que pour banaliser auprès de tout le monde cet enjeu du dispositif « live ». En préparation, s’est organisé un travail impliquant littéralement tout le son et la musique du film (Clément Ducol, Marius de Vries et Pierre Marie Dru), en complicité avec la production (Tatiana Bouchain) et avec Leos. Il était fondamental que cette dimension « live » soit immédiatement intégrée comme quelque chose qu’on allait vraiment faire, et pas seulement un idéal ou une intention. 

 

Comment travailles-tu avec tes assistants ?

La dimension structurelle du projet est mon premier questionnement : quels sont les objectifs et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir.  Parmi ces moyens, il y a les compétences de ceux avec qui je vais partager ce travail, au tournage et en post-production. Ce sont aussi des compagnons de route dans une aventure humaine et je vais partager du temps et de l’énergie avec eux ; mutualiser le travail est essentiel. J’en reviens à mon goût du travail collectif : je base un geste de travail sur une répartition des tâches et je demande souvent une grande autonomie à mes comparses. Jai un vrai plaisir à le penser comme ça et une vraie satisfaction quand quelqu’un prend des initiatives qui soient justes, intelligentes et sensibles. En fonction du cinéma sur lequel on travaille, ou des cinéastes avec qui on collabore, chacun doit inventer le geste idoine. Cela demande à mes assistants une prolongation organique du geste de travail que je lance ; il faut donc que la complicité soit forte. Quand je m’entends mal avec un assistant, c’est généralement que je bute sur une conception standardisée du travail chez lui.

Sur Annette, Thomas Berliner a fait un travail extraordinaire à la perche, par exemple en s’adaptant aux difficultés d’utilisation d’un U87 qui est un micro de studio. Dans le dernier film que j’ai tourné, Pietro Marcello m’a demandé d’utiliser des micros « bizarres » et je lui ai proposé de travailler avec des micros à rubans. Ce sont des micros généralement utilisés pour le bruitage, moins sensibles et qui nécessitent d’être beaucoup plus proches de la source, mais qui donnent un grain, une patte. J’avais sorti cette idée parce que je trouvais intéressant de procéder sur le plateau comme on procède en bruitage in situ, ce que j’avais fait avec Nicolas Becker sur J’accuse. Sur le film de Marcello, j’étais assisté par Marco Peron[10]. Il se trouve que Marco vient de l’ingénierie et qu’il est très fort sur les dessins en 3D. Grâce à lui, on a pu modéliser et imprimer en 3D une suspension permettant de monter un micro-ruban de studio dans une bonnette de tournage cinéma ; et on a fait tout le film comme ça, avec ce matériel inventé pour l’occasion. Le résultat est superbe : la douceur du ruban mais un son plus moderne que celui des micros M160 utilisés pendant les années 70 et 80. 

 

Thomas Berliner perche avec un micro U87

[cliquer sur la photo pour agrandir]

 

Quels conseils pourrais-tu donner à de jeunes diplômés de Louis-Lumière ?

Mon premier conseil serait d’avoir l’idée que chacun construit son parcours en suivant ses désirs et ses intuitions. Il n’y a pas de fatalité, il faut construire son chemin. Donc si on a envie de travailler de manière différente et de défricher des nouvelles possibilités, d’explorer de nouvelles zones, et bien c’est juste possible. Il n’appartient qu’à soi de se débrouiller pour faire évoluer les schémas de travail. Il faut avoir l’envie d’y aller et de le faire. Cela peut même être une contribution à faire évoluer le cinéma.

Je conseillerais aussi de prendre des notes sur son travail. Pas par narcissisme, seulement parce que ça aide à retenir ce qui a été essentiel dans une expérience professionnelle. Avec les années, ça aide à garder les idées claires et ça donne du sens à son parcours ; c’est très utile.

 

 

Interview réalisée par Frédéric Castelnau, promo Ciné 1999. Basée sur un entretien téléphonique du 14 mars 2022 suivi de plusieurs échanges par mail pour en finaliser le contenu. Photos fournies par E. Kerzanet.


A lire sur le site de l'AFSI, un ENTRETIEN AVEC ERWAN KERZANET à propos de la fabrication du son du film "Annette". [cliquer]


[1] Katia Boutin, Maxence Dussère, Paul Heymans, Thomas Gauder

[2] « Vaugirard » a longtemps été le surnom officiel de l’Ecole Louis-Lumière

[3] Pierre Lhomme, promo Ciné 1953

[4] Pascal Spitz, promo Son 1985

[5] Christian Canonville, promo Son 1972

[6] François Boudet, promo Son 2007

[7] Jean Minondo, promo Son 1977

[8] André Rigaut, promo Son 1980

[9] Jean Umansky, promo Son 1977

[10] Marco Peron, promo Son 2014


A Camerimage 2017, l'AFC a donné la parole aux Anciens
Publié le 24/11/2017

Cette année, Laurent Andrieux, Nathalie Durand, Jean-Noël Ferragut, Pascal Lagriffoul, Denis Lenoir, François Reumont, Jonathan Ricquebourg et Philippe Ros étaient présents en tant qu'Anciens de l'Ecole à Camerimage, aux côtés de six étudiants ou ex-étudiants tout juste diplômés. L'AFC, sur son site Internet, a donné la parole à certains d'entre eux, dont les articles ou entretiens sont en lien dans la suite de cet article.
 

Nathalie Durand (Ciné 1981) Entretien à propos de Jusqu'à la garde, de Xavier Legrand

Louise Hartvick (Ciné 2018) Discussion sur l'importance de la diversité dans la direction de la photographie

Pascal Lagriffoul, AFC (Ciné 1986) Storaro et moi étions à Camerimage

Denis Lenoir, AFC, ASC (Ciné 1973) Camerimage, du voyage initiatique au pélerinage

Ariane Luçon (Ciné 2017) Retour d'expérience après une semaine intensive à Camerimage

Céleste Ougier (Ciné 2018) Let's Talk About "Sense8", l'équipe avant tout

Jonhatan Ricquebourg (Ciné 2013) Entretien à propos de Gorge cœur ventre, de Maud Alpi

Diarra Sourang (Ciné 2018) Au 2e jour de Camerimage, rencontre avec Gregory Crewdson et Julian Hiam et Des étudiants reçus par Aaton-Digital, Transvideo et K 5600 Lighting


Retrouvailles - promotion Son 1963
Publié le 13/11/2016

Pour certains, nous ne nous étions pas revus depuis la sortie de l’école (de Vaugirard), il y a 53 ans ... Et nous ne nous sommes pas tous reconnus au premier coup d’œil ! ...

Ces retrouvailles organisées par Alain et son épouse, ont été un très agréable moment. Chacun a évoqué quelques souvenirs professionnels ou personnels.

Petits extraits des messages échangés dans les jours qui ont suivi ces retrouvailles :

Merci pour cette journée où nous avons pu nous retrouver, sans retour excessif vers le passé. Ce fut digne, sans regrets, le temps passe vite, mais nos vies sont longues, même si beaucoup de rêves sont derrière nous.Jacques Mondoloni.

Il était rassurant de constater que si les perruques ont blanchi les tempéraments sont restés les mêmes. Bob Chaubaroux

Henri Roux (Son 1964) s’était joint à nous pour ces retrouvailles que nous nous sommes promis de renouveler avant 53 ans et en recherchant ceux d’entre nous dont nous avons perdu la trace.

En photo, cinq anciens de la promo Son 1963 , de gauche à droite : Bob Chaubaroux, Alain Hennequin, Jacques Mondoloni, Michel Baptiste et Michel Grapin


Le journal de bord de Romain Baudéan (Ciné 2010) sur le tournage de "Malgré la nuit" de Philippe Grandrieux
Publié le 06/07/2016

Un an après le tournage du long métrage de Larry Clark The Smell of Us , Romain Baudéan reçoit un courriel des producteurs de Philippe Grandrieux qui cherchent un pointeur pour faire face à un désistement de dernière minute. Sur Internet, ils ont remarqué son site. Il s'en suit une aventure de trente jours que Romain Baudéan a relatée dans un journal de bord Perdre point . Télécharger Perdre point
Site de Romain Baudéan
Bande annonce de Malgré la nuit
Romain Baudéan sur IMDB


Yves Machatschek (Photo 1953) : De l’expertise du tirage à celle du tir à l’arc…
Publié le 01/07/2016

Fils d’un lithographe, aquarelliste, dessinateur et illustrateur mais aussi skieur émérite, c’est naturellement qu’Yves Machatschek voudra suivre les traces de son père : le ski et la photo. Après une scolarité à Vaugirard de 1951 à 1953, Yves Machatschek intègre le laboratoire de Pierre Gassmann, « Pictorial Service » qui a ouvert ses portes depuis trois ans. Rapidement il y devient le spécialiste des tirages photos pour l'agence "Magnum" : Capa, Haas, Bischof, Lessing, Horvath, et surtout Henri Cartier Bresson pour lequel il réalise les tirages d'impression des livres : " Images à la Sauvette", "Les Européens", "Moscou" et les tirages pour les expositions de H.C.B. de cette époque. A l’issue de son service militaire qu’il effectue au laboratoire du Service Cinématographique des Armées, il devient photographe free-lance pour de nombreux magazines et Unifrance Film. En 1961 il rejoint le Business Promotion Service de la revue « Réalités » et « Entreprise ». Il y collaborera jusqu’à sa clôture. Sportif accompli (ski, aviron, judo, tennis et tir à l’arc), il intègre la revue « Sport Magazine » pour lequel il couvre notamment les Jeux Olympiques de Montréal en 1976. L’année suivante alors que « Sport Magazine » ferme, il est sollicité pour devenir le cadre technique régionale de la Fédération Française de Tir à l’Arc en Ile de France. En 1979, Il part transmettre le savoir-faire de l’archerie française en Arabie Saoudite. A son retour fin 1980, il devient le conseiller technique régional du Languedoc-Roussillon ainsi que l’entraineur national à l’INSEP. En 2010, il fait donation de ses archives au Musée Français de la Photographie de Bièvres. Visionner l’interview
Site du Musée Français de la Photographie
Regarder les photographies


Rencontre avec Pierre WILLEMIN (Cinéma 1957)
Publié le 20/06/2016

C’est au cours d’une visite à la Fondation Jérôme SEYDOUX organisée par l’Institut de Cinématographie Scientifique (ICS) que nous nous sommes rencontrés, cela n’étai pas arrivé depuis le milieu des années 80, à l’époque de l’ouverture de la Géode à la Cité des sciences où Pierre venait de réaliser le fils l’Eau et les Hommes , tourné en Imax (70mm à défilement horizontal), projeté sur l’écran hémisphérique d'une surface supérieure à 1000 m². C'était une première en France. Après une visite autour de matériels anciens fabriqués par Pathé et la projection de films muets, nous avons échangé quelques souvenirs de l’époque de "Vaugirard " ainsi que d’autres plus récents sur ses activités de réalisateur ou directeur de la photographie.

A la suite de quoi, Pierre m’a adressé cette photo de la promotion Ciné 195 7 prise dans le studio du 85 rue de Vaugirard, probablement au cours de l’année 1956. On peut y reconnaître, de gauche à droite : Gérard Staeling - Jean-Pierre Bertrand - Pierre Willemin - Jean-Claude Gaillard - Michel Latouche - Philippe Carré - Gilles Maynaud - Jean-Claude Chambon - Buu KaÏ (?) - André Bieth - Michel Arburger - Anton Georgakis.


Souvenirs de l'ETPC par Ferdinand Le Moignier (Son 1959)
Publié le 20/03/2016
La copie de ce courrier est annexée en pièce jointe ainsi que cinq photographies qu’il a prises à l’époque avec son appareil Kodak 6x9 ! Ces photos étaient accompagnées du texte suivant : Bonjour Michel, Aucun problème pour publier ma récente lettre. Voici les photos qui n'avaient pas été réalisées avec un appareil performant. C'était un appareil simple à soufflet, Kodack 6x9, que le possède toujours (obturateur au 1/30 et seulement deux diaphragmes). Je suis passé au numérique depuis plusieurs années. Je m'étais intéressé à la photo lorsque j'étais au Lycée Charlemagne à Paris, vers 54, mais j'avais opté finalement pour la section électro à l'entrée de l'école en 1957. Il faut te préciser que notre école de Vaugirard disposait de peu de moyens en ces temps là.
Nous étions hébergés dans des locaux vétustes et le labo d'électronique était particulièrement exigu et assez mal équipé.
Au cours du 1er trimestre 1958/1959, nous avions tous participé à l'aménagement d'un labo dans une grande salle coupée en 2 au dessus de la "glacière".
C'est Christian Delaygue (Son 1959), de formation électricien, qui avait dirigé les travaux. Nous avions ainsi un labo spacieux et en même temps une salle de cours.
Une fois par semaine, nous avions des cours à Raspail en plateforme machines tournantes avec M. Vernet. Nous allions également à "l'Aluminium Français" pour apprendre à travailler l'alu : pliage, perçage et soudure. Je crois bien que la soudure autogène sur alu n'était pas notre point fort à tous. Quand j'ai quitté l'école, en juin 59, nanti du diplôme de sortie et après un court séjour au service militaire (RD2), je suis entrée dans une société d'électronique : la SINTRA à Asnières. Ma recherche d'emploi n'avait pas excédé une semaine.
Aujourd'hui à 78 ans, après une vie active en région parisienne, j'habite Lannion dans les Côtes d'Armor. Je n'ai jamais connu le chômage durant ma carrière.
De nos jours les temps ont beaucoup changé.
Je vais trop rarement à Paris pour avoir l'occasion de vous rendre une visite. Je regretterai toujours de n'avoir pas eu de contacts avec les anciens de mon époque et précisément avec Nguyen qui était une bonne relation.
Comme je te le disais dans mon courrier, j'ai rencontré ici, dans mon asso de photo vidéo, "Objectif Image Trégor", Michèle Ferrand Lafayes de Cinéma 1967. Elle est très active dans le domaine de la photo argentique. Nous sommes mieux équipés que certains professionnels et les formateurs sont souvent d'anciens ingénieurs de France Télécom ou d'Alcatel.
A "OUEST ARMOR IMAGE", également à Lannion, depuis 3 ans, je suis reporter bénévole en vidéo.
Bien cordialement. Ferdinand LE MOIGNIER. Son 1959

Patrick REDSLOB, (Cinéma 1967) - Mes débuts d’opérateur de prise de vues à la 2ème Chaine
Publié le 23/10/2015
En souvenir du professeur de prise de vues, Monsieur Jean-Marie GUINOT *, l'homme qui, par ses connaissances techniques et sa pédagogie, m'a permis de me réconcilier avec l'École~! Formé initialement pour devenir un OPV dans le cinéma, je suis entré à la télévision (2ème chaîne) en 1971, suite à un C.V. que j'avais envoyé. J'ai, un jour, reçu une convocation. Je ne savais pas alors dans quelle "unité" j'allais me retrouver !... Le service prise de vues des "actualités", un pool de plus de trente OPV, dont certains déjà anciens~! C'était à l'ORTF, rue Cognacq-Jay, non loin de la Seine et du pont de l'Alma, là où l'avenue Bosquet et l'avenue Rapp convergent. Qu'allais-je donc y faire ?... Des prises de vues, ça, je le savais… mais pour filmer qui, quoi, mystère ? Très rapidement je me suis confronté à la réalité du quotidien. Au magasin du matériel, au sous-sol de la rue Cognacq-Jay, je réceptionnais ma caméra film, une Coutant Eclair~16, une caméra, comme son nom l'indique, qui travaillait en 16~mm, une caméra fort lourde quand elle était sur l'épaule, une heure… quelquefois plus~! Il s'agissait, si ma mémoire ne me fait pas défaut, d'une pellicule "inversible". Bien sûr, avec la caméra, l'inséparable "charging-bag" une pièce de tissu noire, totalement étanche à la lumière. C'est ce charging-bag qui permettait de placer la pellicule dans un "magasin" de 120~mètres vide. Je possédais deux magasins, un sur la caméra, l'autre en réserve, prêt à servir. Il y avait deux sortes de manchons dans lesquels on enfilait les bras. Ce charging-bag ressemblait étrangement à un short de sport mal taillé. On travaillait à l'aveuglette, au toucher~! On entrait le magasin et une boîte de 120~m de pellicule et on tirait sur la fermeture Eclair. Comme objectifs, nous avions en permanence un grand angle et un zoom, deux objectifs toujours montés sur la tourelle. Pour étalonner la lumière, nous avions une cellule photo, et dans des cas plus "pointus", nous pouvions demander au magasin un luxmètre qu'il fallait rendre à la fin du tournage. La pellicule était alors peu sensible. Ce qui signifiait qu'il fallait éclairer suffisamment les lieux de tournage. C'était le travail de notre collègue, au preneur de son et à moi, l'éclairagiste. Nous étions toujours au minimum trois sur un tournage. Dans des cas plus techniques, au niveau des lumières, il y avait un éclairagiste supplémentaire. A la suite de la conférence de rédaction, le matin à 9h30, pour le Treize heures, et l'après-midi à 15h, pour le Vingt heures, les équipes de tournage étaient formées en fonction de la demande, on disait alors qu'on partait sur un "coup". On partait bien sûr en voiture, le journaliste rédacteur, l'OPV, le preneur de son et l'éclairagiste qui conduisait. L'éclairagiste possédait une valise comprenant deux à trois projecteurs. Au tout début, lorsque j'ai commencé, le matériel d'éclairage était très volumineux~! Le preneur de son possédait un magnétophone Nagra ou Perfectone, du matériel assez lourd, relié à la caméra par un câble, pour des questions de synchronisation. Par la suite ces magnétophones sont devenus pilotés par quartz. Il fallait aller très vite. Dès qu'on était désigné par le planning pour "aller sur un coup", direction le placard au sous-sol, on prenait tout le matériel dont on avait besoin. Ensuite, en voiture, pour nous rendre sur les lieux de tournage. Installation de l'éclairage soit pour une simple interview (ministre, député, sénateur, chef d'entreprise, monsieur Dupont chef de rayon aux galeries, madame Durand directrice d'école maternelle, monsieur "tout le monde", dans la rue, réaction à chaud) soit pour un tournage plus complexe, en situation. Je sortais alors ma cellule, l'éclairagiste et moi, nous mettions d'accord pour établir suffisamment de lumière. Je me souviens que je travaillais bien souvent à f~3,5. Un niveau relativement bas d'éclairement donc peu de profondeur de champ~! Le problème de l'époque, c'était de trouver suffisamment d'énergie sur une voire plusieurs prise de courant. Début de tournage : le clap de synchronisation. Interview de la directrice d'école "Une, première"~!... Tournage terminé, vite, il fallait rentrer pour donner la "péloche" à développer (traduire~: la pellicule~!). Vite, j'amenais ma pellicule impressionnée au laboratoire pour le développement (une boîte de 120 mètres, voire plusieurs). Après le développement, muni de ma ou de mes boîtes, direction les salles de montage. Là, une monteuse (à l'époque c'était bien souvent une monteuse et non un monteur) dans sa salle, commençait à "dérusher" (entendre visionner pour pré-classer ce qui est important, et moins important). Le sujet devait faire environ une minute et trente secondes au plus deux minutes, du moins pour le journal. Bien évidemment, tout opérateur de prise de vues doit tourner des plans de coupe, très importants pour établir des "liaisons entre les plans séquentiels", un peu comme des ponctuations, des virgules, des points, des plans incontournables. Ensuite, le journal. Chaque opérateur regarde pour voir comment son tournage a été "ficelé" au montage. Fin, le déjeuner, et peut-être un autre reportage dans l'après-midi, pour le Vingt heures~! Voilà ce qu'était la journée d'un opérateur de prise de vues. Des journées qui pouvaient commencer très tôt le matin, et se terminer fort tard le soir. Aujourd'hui, sur ce plan rien n'a beaucoup changé~!... Mais si~!... La caméra, le support sensible (adieu le charging-bag~!), l'éclairage, la prise de son, l'opérateur, seul sur le tournage, qui fait tout, le son, la lumière, pose les questions, écrit les commentaires... En fait, si, tout a changé~!!! Clap de fin~! Patrick REDSLOB, promotion Louis-Lumière – Vaugirard cinéma "images" 1967. « Voilà, tu peux faire ce que tu veux... de ces "mémoires" spontanées~! Le mérite, c'est vraiment du "vécu" et du ressenti... avec l’essoufflement qu'on peut percevoir entre les lignes~!~» * Jean-Marie GUINOT, ingénieur opticien, était professeur d’optique à l’Ecole Technique de Photo et de Cinéma (ETPC) devenue Lycée Technique (LTPC) puis Ecole nationale supérieure Louis-Lumière (ENS Louis-Lumière). A lire également l’interview de Patrick Redslob : De Louis-Lumière à France 2, de cadreur à grand reporter

Pascal Sentenac (Ciné 1993) rend hommage au directeur de la photo Maurice Fellous récemment décédé
Publié le 09/06/2015
« J’ai rencontré Maurice dans les années 1980, alors que j’avais une vingtaine d’années. Je n’étais pas encore assistant caméra mais je connaissais bien la vidéo de par ma formation d’électronicien. C’est certainement pour cette raison qu’on m’a appelé pour assister un "chef opérateur connu qui ne connaissait pas la vidéo", ce chef opérateur, c’était Maurice.~» « La casquette vissée sur la tête, il s’est approché de la caméra et m’a lancé avec un regard malicieux~: «~Ça marche comment votre truc~?~» Il regardait "mon truc" avec méfiance, mais aussi avec beaucoup d’amusement : comme un gamin qui, à presque soixante-dix ans, découvrait avec bonheur, un nouveau jouet, une nouvelle façon de travailler. Alors, nous avons joué ensemble. Je "tordais" à sa demande l’électronique de la caméra comme je ne l’avais jamais fait auparavant, et il m’apprenait, me donnait goût, un peu comme un échange, au métier d’assistant opérateur. Plus que de la technique, il m’a appris comment me comporter sur un plateau, les priorités, ce qu’il faut faire, dire ou ne pas dire. Toujours avec beaucoup de délicatesse, d’humilité et surtout d’humour.~» - Lire la suite de ce témoignage sur le site Internet de l'AFC.

Au 68e Festival de Cannes, les Anciens ont la parole
Publié le 23/05/2015
- Lire l’entretien avec Pierre Aïm, AFC, à propos d’ Asphalte , de Samuel-Benchetritt - Lire l’entretien avec Laurent Fénart, à propos de Fatima , de Philippe Faucon - Lire l’entretien avec Claire Mathon, AFC, à propos des Deux amis , de Louis Garrel - Lire l’entretien avec Claire Mathon, AFC, à propos de Mon roi , de Maiwenn - Lire l’entretien avec Federic-Serve à propos de Cosmodrama , de Philippe-Fernandez - Lire l’entretien avec Sylvain-Verdet à propos de Ni le ciel ni la terre , de Clement-Cogitore. - De plus amples informations sur l'AFC au 68e Festival de Cannes.