Inès Léraud (Ciné 2006), de l'ENS Louis-Lumière au journalisme écologique d'investigation

Publié le 24/08/2021


Le quotidien Le Monde, daté du mercredi 4 août 2021, a publié dans sa rubrique "Les penseurs du vivant" (sous-rubrique de "L'été des idées"), un entretien dans lequel Inès Léraud (Ciné 2006) explique les raisons pour lesquelles elle est devenue documentariste et journaliste d'investigation dans les domaines de l'agriculture et de l'agroalimentaire.

Extraits du début de l'entretien

Journaliste et documentariste, Inès Léraud a notamment mené des investigations sur l'agriculture et l'agroalimentaire breton. Lauréate, en 2007, du prix Reporters d'espoirs pour sa série "Les citoyens qui changent le monde ("Les Pieds sur terre", France Culture), coautrice, avec Pierre Van Hove, d'Algues vertes. L'histoire interdite (La Revue dessinée/Delcourt, 2019), elle est membre du collectif de journalistes d'investigation Diclose et cofondatrice du média en ligne gratuit Splann !.

Ce sont des problèmes de santé de votre mère, dus à une intoxication au mercure, dont vous avez également été victime, qui vous ont conduite à devenir journaliste et à enquêter sur les maladies environnementales. Comment la maladie devient-elle un ressort de la conscientisation ?

Un maladie comme celle qu'a développée ma mère – une intoxication par le mercure qu'elle m'a transmise par voie placentaire – peut constituer une basciule de l'intime au collectif et mobilise sur le terrain politique. Les sociologues Jean-Noël Jouzel et François Dedieu ont montré que l'appatition d'une maladie liée aux pesticides dans une famille d'agriculteurs pouvait être un facteur décisif de prise de conscience et de changement de pratiques. La maladie est une expérience qui transforme. Quand elle est causée par des pollutions environnementales, elle peut conduire à se poser un tas de questions qui deviennent vite politiques. Pour ma part, cet épiside a constitué une naissance de l'investigation.

 

Votre enquête sur la nocivité des algues vertes a connu un fort retentissement, au point que vous avez subi plaintes et intimidations. Que vous a-t-elle appris ?

Elle m'a appris l'importance du travail collectif avec les associations locales, mes consœurs et confrères de la presse locale. Mon travail n'est que la continuité, la mise en lien de ce qu'ils avaient fait depuis des décennies. Sourcer, dans la BD, ce travil antérieur au mien, mettre en scène l'histoire des lanceurs et lanceuses d'alerte de Bretagne a été très vertueux, parce que cela établissait la vérité sur le fait que je n'étais pas seule à avoir épluché ce dossier, mais aussi parce que la BD a ensuite été portée par toute la société bretonne, qui y reconnaissait son histoire et ses luttes. [...]

Propos recueillis par Nicolas Truong pour Le Monde.

Lire la suite de l'entretien sur le site Internet du Monde.

Inès Léraud à Loc-Envel (Côtes-d'Armor), le 27 juillet 2021 - Photos Camille de Chenay, avec son aimable autorisation.

 

Notes bio-filmographiques sur Inès Léraud

Après avoir passé la première année de tronc commun à La Fémis, en 2003, et étant censée intégrer le département Son de l'école mais ayant une préférence pour l'image, Inès Léraud change de voie et est reçue au concours d'entrée à l'ENS Louis-Lumière, spécialité Cinéma. Elle en sort diplômée, en 2006, aux côtés de Charlie Lenormand, Rémi Mestre, Sidonie Moulart, entre autres. Son mémoire de fin d'études, qui a pour thème la question du personnage en documentaire, est codirigé par la réalisartice Dominique Cabrera.

On la retrouve par la suite en tant qu'assistante son additionnelle (perche) sur À bras le corps, court métrage de Katell Quillévéré, en 2005 ; puis 2e assistante opératrice sur La Faute à Fidel !, de Julie Gavras (images Nathalie Durand, Ciné 1981) et première assistante réalisatrice et assistante opératrice sur Je ne suis pas morte, de Jean-Charles Fitoussi (images Sébastien Buchmann, Ciné 1994), en 2008 ; puis cheffe décoratrice sur Les grands s'allongent par terre, d'Emmanuel Saget (images Nathalie Durand), en 2008 également ; assistante réalisatrice et réalisatrice 2e équipe sur le documentaire Lads & Jockeys, de Benjamin Marquet (images Sébastien Buchmann, Laurent Chalet et Benjamin Marquet), toujours en 2008 ; 2e assistante opératrice sur Black, de Pierre Laffargue (images Patrick Ghiringhelli), en 2009.

Parallèlement, elle écrit et réalise des documentaires diffusés sur France Culture s’axant principalement sur les enjeux de santé publique auxquels elle est sensible, ainsi que des documentaires audiovisuels, notamment pour la chaîne Histoire.

Consulter le site Internet d'Inès Léraud.